La culture de la Vigne

Jusqu’à l’apparition du phylloxéra en 1878, la superficie du vignoble est très importante dans la commune. Il s’étend alors sur près de 300 hectares et nombre d’habitants vivent de la viticulture : vignerons, commis agricoles, tonneliers, routiers-grossistes, détaillants. La viticulture est florissante en raison d’un climat privilégié et de la nature du sol calcaire. La lecture des actes d'état civil conservés en mairie atteste du nombre important de personnes travaillant aux métiers de la vigne.

Le vignoble s’étend d’Avanton à Nanteuil remontant les coteaux vers Chardonchamp et de Bel Air à Limbre. Les vignes de Bellevue, Terrefaux, La Champagne, Le Fiage, Bournais et les Lourdines produisent un vin rouge ordinaire. Par contre, Chardonchamp produit un vin blanc bien supérieur et convoité par les restaurateurs poitevins.

Les propriétaires de vigne veulent montrer leur richesse et construisent des piliers d'entrée de leur propriété en pierre des Lourdines et surmontent ceux-ci de chapiteaux de plus en plus ouvragés et volumineux.

L'apparition du phylloxéra.

Climat privilégié et nature du sol adaptée sont, certes, des éléments favorables à la culture de la vigne, mais les vignerons n’étant pas formés à l’agriculture rationnelle, utilisent des méthodes archaïques et empiriques. C’est pourquoi l’invasion du phylloxéra a pu s’étendre rapidement, précédée et accompagnée d’un cortège d’incrédulités.

Mais d’où provient cette maladie alors totalement inconnue ? Le phylloxéra est un puceron piqueur originaire des Etats Unis. La particularité du vignoble américain est d’avoir développé une immunisation contre ce puceron. Les premiers ceps porteurs de la maladie ont été plantés dans le département du Gard en 1863. Rapidement le puceron colonise les ceps locaux non immunisés. Doté d’ailes, il se déplace rapidement et envahit progressivement tout le vignoble hexagonal.

A Migné-Auxances, les premiers ceps contaminés sont arrachés en 1878. Malgré cela les vignerons n’ont pas conscience de la gravité de la situation. En 1879, une loi précise les mesures à prendre pour arrêter la progression du fléau, mais elle suscite polémiques, discussions et tergiversations. Les vignerons apprennent à identifier la maladie quand les premières taches apparaissent sur le feuillage. Ils traitent préventivement ou arrachent et brûlent les ceps malades et replantent des ceps résistants provenant de cépages américains produits par les fermes-pénitentiers de Jardres et Liniers. Mais que ce soit le traitement préventif ou l’arrachage et la plantation de nouveaux ceps, tout cela coûte fort cher et bien peu de personnes peuvent assumer de telles charges.

En 1886, le bilan des dégâts occasionnés par le puceron américain est catastrophique. La quasi-totalité du vignoble a été arrachée. Bon nombre de vignerons de la commune ont tout perdu et ne peuvent replanter leurs vignes, faute d’argent. Certains se reconvertissent dans d’autres cultures ou abandonnent l’exploitation.

La population de la commune qui était de 2900 habitants en 1881 s'effondre pour n'atteindre que 1750 habitants en 1921.

Le peu de vignoble replanté sera plus tard victime de la concurrence et la surproduction des vins du Sud de la France et des pays nord africains.

Aujourd’hui, seules quelques personnes perpétuent la tradition viticole et produisent un vin pour leur consommation personnelle.

Seule note rose dans ce tableau si sombre, la présence de rosiers en limite de vignoble. Ces derniers ont la particularité d’être plus précocement touchés par les maladies de la vigne et un traitement préventif peut ainsi être entrepris.